A mon tour !

Voici pour commencer, le récit de la naissance d'Hector (19 avril 2005, à la Clinique Mutualiste de Grenoble), que j'avais postée sur un forum quelques jours après l'accouchement : j'étais donc encore sur mon petit nuage, j'ai légèrement omis certains passages, notamment celui où l'auxiliaire puer m'a appuyé sur le ventre alors que je poussais depuis même pas 10 minutes, ou encore l'étirement manuel du périnée par la SF, une douleur que je n'ai toujours pas oubliée !. Si je l'écrivais aujourd'hui on n'aurait pas tt à fait la même version

"Après un passage trop précoce à la maternité lundi midi, nous y sommes retournés vers 1h30 mardi matin. Jusque là les contractions étaient bien douloureuses mais largement supportables (elles duraient moins de trente secondes en général, et étaient assez espacées pour que j'aie le temps de m'en remettre). Le col était dilaté à 3cm, donc cette fois je suis restée, dans une chambre (sans perfusion ni rien), et le travail a continué (très) tranquillement. Je n'ai eu en tout que 4 examens par la sage-femme, et 2 monitorings de 30 minutes. Si je sonnais elle venait, sinon elle me laissait tranquille et c'est tant mieux.
J'ai bien géré la douleur jusqu'à 13h, à 7cm de dilatation (4cm en 12h, super moyenne ). Je me promenais, je me balançais sur le gros ballon en bouquinant, je m'accrochais au porte-serviette de la salle de bain (ben oui c'était la position la moins désagréable !) ou au chambranle de la porte... Et tout ça avec le sourire (entre deux contractions bien sûr), donc tout le monde disait que j'étais très courageuse... mais moi je ne trouvais pas ça insurmontable du tout, vu que les contractions ne se rapprochaient pas à moins de 4-5 minutes.
Pendant tout ce temps mon homme est resté à la maison, il est passé me voir deux fois mais je n'avais pas besoin de sa présence, au contraire, je n'aurais pas aimé qu'il reste là à me voir me dandiner dans tous les sens et à s'ennuyer dans un coin : vu que je n'étais bien qu'en extension, il n'aurait pas pu m'aider tellement pour les positions....
Donc vers 13h, crevée par ma nuit blanche et par la douleur, je ne me voyais pas tenir les 3 cm qui restaient sans anesthésie, surtout si ça devait durer encore plusieurs heures ! J'ai donc demandé la péridurale, et là tout s'est accéléré : passage en salle d'accouchement, pose d'une perfusion puis de la péridurale, rupture de la poche des eaux par la sage-femme donc accélération du travail : les contractiones sont devenues très fortes mais je n'avais plus mal, je sentais simplement la tension extrême de mon ventre.... J'ai pu dormir un peu pour récupérer avant l'expulsion, j'en avais vraiment besoin.
A 15h j'étais à 10cm de dilatation, un peu dans les choux à cause de la péri mais sans plus. Le bébé allait super bien, ses battements cardiaques ne changeaient pas pendant les contractions. Il n'y a même pas eu besoin de synthocinon, juste un Ringer pour remonter ma tension.
Là je commençais à bien sentir le bébé descendre dans mon bassin, c'était un peu douloureux et j'avais envie de pousser.
Donc je me suis installée avec les pieds dans les étriers (j'ai demandé à rester sur le côté mais la sage-femme n'était pas trop d'accord, et comme le bébé était déjà bien engagé je me suis dit que ça irait bien comme ça.
L'expulsion a duré environ 15 minutes, je ne sais pas trop, mais en tout cas je peux vous dire que je l'ai bien senti passer ce bébé ! La péridurale ne faisait plus effet à ce moment là, j'ai bien senti l'épisiotomie aussi... La sensation de brûlure au niveau du périnée était insoutenable, j'ai hurlé que je n'en pouvais plus, mais j'y suis qd même arrivée !!! La sage-femme était super, l'auxilliaire aussi nous a aidées et finalement la grosse tête d'Hector est passée !
Je l'ai attrapé, j'ai vu comme il était grand et costaud, et tout propre (ni vernix ni sang, il était juste un peu glissant à cause du liquide amniotique), et j'ai dit "merci ! merci !", j'ai failli rajouter "mon dieu" mais comme je ne suis pas croyante ça aurait fait bizarre
Je l'ai mis sur mon ventre, il a crié un peu et son papa est entré (il était juste derrière la porte). Moi j'étais entre le rire et les larmes, c'était merveilleux, je le trouvais tellement beau !
Pendant l'expulsion on croit vraiment qu'on n'y arrivera pas, alors quand il arrive on n'en revient pas que ce soit terminé, c'est génial !!!
La sage-femme et l'auxilliaire sont sorties pour nous laisser découvrir notre fiston, je n'arrêtais pas de dire qu'il était beau ! Patrice était tout bouleversé, c'était émouvant ! Il m'a fait pipi dessus (Hector, pas son père hein ), c'était tout chaud, très agréable

Et voilà, après on a attendu la délivrance (rapide et pas trop désagréable). Là j'ai eu du syntho parce que je saignais un peu trop, et c'est rentré dans l'ordre. On a suturé l'épisio pendant que l'auxilliaire et le pédiatre s'occupaient d'Hector. Ensuite on l'a mis au sein, il a super bien tété pendant un bon moment."

Et voici le récit de la naissance d'Angèle, à la maison, le 11 février 2007 :

"Pour commencer, samedi soir (le 10) j'ai demandé à mon bébé (alors que je ne lui parlais que trèèès rarement) de bien vouloir se dépêcher un peu, qu'une naissance le lendemain serait idéale au niveau organisation... Et j'étais de plus en plus handicapées par mes douleurs dans le bassin, je commençais à avoir vraiment hâte que cette grossesse se termine, je l'avoue !

Dimanche matin vers 3h30, j'ai commencé à ressentir des contractions douloureuses mais très courtes et assez espacées, pas encore régulières, j'ai donc pensé qu'il s'agissait soit d'un faux travail, soit de la "phase de latence" (passage de 0 à 3 cm de dilatation), qui pour Hector avait duré un peu moins de 24h... Pas d'affolement donc, je décide que nous irons comme prévu au repas de famille à midi, chez la maman de Patrice qui habite à 15 minutes de chez nous (pratique !). Je fais un peu de ménage avant de partir, et je prends quelques affaires supplémentaires pour Hector, au cas où il devrait passer la nuit chez sa grand-mère...

Un peu avant 15h, nous sommes toujours à table (contractions ttes les 5 minutes mais toujours très brèves, je respire trois fois et c'est passé !). Là, une contraction plus forte me met en alerte : je rappelle la sage-femme (je l'avais déjà prévenue une heure plus tôt que le travail semblait avoir commencé, mais tranquillement) pour lui dire qu'on rentre et que je la rappellerai d'ici une heure, pour faire le point. Pour moi le travail commence vraiment à ce moment-là.

Quand on part, Hector fait la sieste à l'étage chez sa grand-mère, on le laisse donc dormir, en attendant de voir comment ça se passe.

En arrivant à la maison, Patrice me fait couler un bain, on prépare un peu la chambre, on monte le chauffage...
A 15h15 je rappelle la sage-femme, je lui dis que là, ça se précise et que j'aimerais qu'elle vienne. Elle a une heure de route devant elle... Je sais donc qu'elle sera là vers 16h30.
Je suis toujours dans le bain.
Les contractions deviennent plus fortes et plus rapprochées, mais toujours très brèves, je gémis un peu à chaque fois pour "accompagner", ça fait mal mais je me sens bien dans cette eau qui me porte.
D'ailleurs quand je sors pour aller aux toilettes (je sais que c'est le signe que la fin approche...), la douleur est bien plus difficile à supporter, je me dépêche donc de me replonger dans l'eau. Il doit être 15h40 je crois, là je commence à sentir mon bassin qui travaille sérieusement, comme quand j'étais à 7 cm de dilatation pour Hector, il me semble (c'est d'ailleurs là que j'avais demandé la péri).
Jusque là Patrice vaquait à ses occupations, passant de temps en temps pour savoir si j'avais besoin de quelque chose... Là je lui demande de rester avec moi, à chaque contraction je prends sa main, ça me fait un bien fou !
Vers 16h20 je crois, je commence à pousser, c'est cette sensation réflexe que je n'avais pas eue pour Hector à cause de la péridurale. C'est impressionnant ! Là on sent vraiment que le corps fait ce qu'il a à faire, et qu'on n'y peut pas grand chose !
Je parviens tout de même à calmer les choses en attendant l'arrivée de la sage-femme. Ou peut-être est-ce mon bébé qui comprend, quand je lui explique qu'il vaudrait mieux l'attendre...?
A 16h30 elle est là, dès que je la vois une nouvelle contraction arrive, maintenant je sais qu'on peut y aller !
Elle m'examine après la contraction, la dilatation est bien complète, le bébé arrive. A la contraction suivante la poche des eaux bombe à l'extérieur, je lui demande de la percer parce que j'ai l'impression que ça gêne la progression du bébé...
A chaque poussée je crie, j'ai mal mais je sais que c'est bientôt fini, que je vais y arriver !
Ensuite la tête sort en deux contractions, puis le reste du corps, et hop ça y est j'ai mon bébé sur moi. Elle est toute bleue et a du mal à se réchauffer, le bain a un peu refroidi et la pièce n'est pas assez chaude. La sage-femme coupe le cordon plus tôt que prévu, pour pouvoir la prendre et la mettre au sec. On va alors dans la chambre, Patrice m'aide à sortir du bain.

La sage-femme examine rapidement la petite, qui a fini par se réchauffer.
Je la mets au sein, elle ne prend pas tout de suite mais je la stimule un peu car je sais que ça facilitera la délivrance.
Au bout d'un moment elle tète bien, j'ai quelques contractions. Le placenta semble décollé mais ne veut pas sortir. 2 heures après la naissance, on l'attend toujours...
Là il faut agir, sinon le col sera trop rétracté pour que le placenta puisse sortir facilement : il faut aller le chercher à la main ! Ca peut se faire à l'hôpital (transfert en SAMU, anesthésie générale donc nuit sur place...), ou à la maison mais sans anesthésie...
Je choisis donc de tenter le coup tout de suite, je n'ai vraiment pas envie de partir !
La sage-femme enfile donc ses gants stériles et introduit sa main dans l'utérus. Elle décolle complètement le placenta, puis je pousse
et il sort enfin. Il est énorme (au moins un kilo).
Ca, ça fait mal, c'est le moins qu'on puisse dire ! Mais là ça valait le coup, après ça je savoure mon bonheur de pouvoir rester dans mon lit, avec mon bébé et mon homme...

Hector arrivera vers 19h30 avec sa grand-mère, il a l'air plutôt content de découvrir sa petite soeur...
Depuis il lui fait plein de câlins et de bisous baveux, lui demande régulièrement "ça va ?", c'est adorable :-)

Cette naissance fut pour moi (et aussi pour mon homme !) une expérience magnifique, magique, je ne sais même pas comment l'exprimer, c'est trop fort !
presque un peu trop rapide, c'est à peine si j'ai eu le temps de réaliser que j'étais vraiment en train d'accoucher ;-) Moi qui m'étais préparée psychologiquement à devoir accompagner la douleur pendant plusieurs heures... J'avais prévenu Patrice que j'aurais sans doute un "mur" à franchir vers la fin de la dilatation, que si je disais que j'allais mourir ou que je n'y arriverais jamais, ça signifierait que la naissance serait imminente...
Mais je n'ai jamais eu cette sensation que j'étais incapable d'aller plus loin (contrairement à mon premier accouchement, vers 7 cm de dilatation, comme beaucoup de femmes le vivent), j'étais incroyablement confiante, sereine, malgré cette douleur terrassante des dernières contractions... La présence de Patrice jusqu'au bout à mes côtés (pour Hector il était sorti de la salle au moment de l'expulsion, un peu impressionné par le "protocole" médical), m'a donné une grande force, tout comme la sérénité de la sage-femme. Je n'avais aucune peur, donc aucune inhibition, je crois que j'ai réussi à "lâcher prise"... J'ai pu crier sans me sentir jugée, ça m'a beaucoup aidée.

Bref, je suis vraiment heureuse d'avoir pu réaliser ce projet d'accouchement à domicile, je ne suis plus tout à fait la même femme qu'avant, je me sens grandie, en quelque sorte...

Et j'ai un bébé adorable, ce qui ne gâche rien ;-)"

oh là là c'est trop beau l'aad
mais le coup du placenta aie aie aie

Oui ça c'était dur, mais ça n'a duré que quelques secondes (ou quelques dizaines je ne sais plus !), et je savais que ça en valait la peine, donc je me suis accrochée à la couette

parce que là, bonjour la galère :/ ...

Très bel accouchement !

J'aurais bien aimé qu'on attende plus longtemps, je sentais bien qu'il finirait par sortir ce placenta, et je ne saignais pas vraiment donc rien d'affolant. Mais la sage-femme habitant Grenoble, je ne pouvais pas lui demander de revenir 3 heures plus tard... D'ailleurs je ne sais même pas si elle aurait accepté, je crois que ça faisait partie de son propre "protocole".
Mais j'ai déjà lu des témoignages d'AAD où le placenta sortait le lendemain !

vi ben le tien est moins que celui de sandrine
nt bravo
n'importe comme

Cécile a écrit:

vi ben le tien est moins que celui de sandrine

Désolée de vous avoir fait peur :twisted:

Sandrine

Alors moi je connaissais l'histoire de ton placenta avant de te connaître toi
J'y ai d'ailleurs pensé lorsque j'ai dû expulsé le mien.
En plus nous avions la même SF alors j'ai croisé les doigts pour qu'elle n'ait pas à intervenir

J'aime beaucoup lire les récits des mamans qui ont vécus un accouchement à la maternité et un à la maison. Ils ont une saveur totalement différente

Disons que dans mes récits je trouve que ça ne transparaît pas tellement, vu que je les ai écrit tout de suite après, donc pour les deux j'étais sur un nuage

Mais aujourd'hui pour moi il est clair que la naissance d'Angèle a été à la fois tellement plus simple et plus "initiatique"... Au départ l'AAD n'était pas un vrai choix, je voulais avant tout un suivi global, mais le fait d'accoucher à la maison est quand même une expérience particulière : on se lève le matin avec un peu mal au ventre, et le soir même on s'endort dans le même lit, mais à côté de son bébé ! Je trouve que ça remet la naissance à sa juste place : un événement qui vous chamboule, mais qui fait partie de la vie courante malgré tout. Moi j'étais presque frustrée de n'avoir eu vraiment mal que pendant un peu plus d'une heure : je me suis dit "c'est tout?". C'est con hein Je m'étais tellement préparée à tenir le coup sur la longueur...
Bon en même temps à la place de Sandrine j'aurais peut-être carrément paniqué, donc ça me va bien comme ça

En tout cas j'ai beaucoup plus ressenti la "connexion" avec toutes les femmes qui ont accouché avant moi, j'ai trouvé une dimension "spirituelle" (si si !) que je n'avais pas expérimentée pour Hector. Le fait d'être chez moi rendait tout ça beaucoup plus réel...